Nombre total de pages vues

samedi 22 novembre 2008

816 - Je suis un prince

Fils des étoiles, enfant de la Lumière, fruit céleste, il est naturel que je sois considéré comme un prince.

Le prince IZARRA.

Même si, accessoirement, certaines femmes m'appellent PHARAON...

Évidemment cela déplaira au possible à plus d'un détracteur que je me fasse appeler prince... Comment faire abstraction de l'ingratitude, de l'ignorance, de la bêtise de ce monde puisque, moi aussi, je suis de ce monde ? Par conséquent je prends en compte les griefs, railleries et médisances de mes adversaires. Avec la hauteur de vue qui me caractérise.

En effet, un vrai prince sait écouter la gueusaille hurlante. Magnanime, miséricordieux, hautain mais néanmoins bienveillant, toujours je répondrai à leurs crachats en répandant le parfum de ma noblesse.

Mes ennemis en veulent à mon auréole izarrienne mais je pardonne infiniment à ces hérétiques : large, puissant est le torrent de mon âme, minuscule est la rigole de leurs pensées.

Le prince IZARRA fait grand cas de sa particule et comme toujours ce sont ceux qui vivent sous des patronymes dupontesques qui sont les premiers à le dénigrer... La proximité mutuelle des principes opposés amplifie leurs gloires et déchéances respectives : l'or que souhaite côtoyer la boue rend encore plus vile cette dernière et l'onde fangeuse qu'assèche la face de Râ fait briller l'astre d'un éclat supplémentaire.

Je suis le métal de la vertu, le soleil qui fait pâlir tout artifice.

Je restaure les vérités : à travers moi le vice rougit de honte et la laideur baisse son regard borgne.

Je suis Art, je suis Poésie, je suis Beauté, je suis Vérité, je suis IZARRA enfin.

De ma seule particule j'écrase misère, nullité, mensonge, horreur. De mon aile virile j'ennoblis quiconque est digne de la flamme izarrienne. De mon esprit supérieur j'éclaire l'aveugle lectorat, guide les égarés livresques, conseille aux érudits d'aller se régénérer à la source izarrienne. Je débouche les oreilles des sourds au son de ma lyre. Et de ma trompette fameuse réveille tous les abrutis de la Terre.

De mon front pur émane l'autorité cosmique.

Mon âme décidément débordante de noblesse fait loi. Ses éclairs sont bleus, blancs, rouges.

Et jaunes.

Je rétablis les honneurs perdus, châtie la vulgarité, distribue caresses ou jette le blâme.

Je suis le Salut des lettrés, je suis l'Épée des plumes, l'ennemi des enclumes.

En un mot je suis la Plume, je suis l'Étoile, je suis IZARRA.

Un vrai prince.

lundi 17 novembre 2008

815 - À Cayeux-sur-Mer

C'est à Cayeux-sur-Mer, petite station balnéaire du nord de la France, que je découvris la mer.

C'est là que, enfant, j'eus un premier contact avec l'immensité. Certes je connaissais la voûte nocturne et aussi l'azur ensoleillé des jours de vacances radieux, mais les étoiles et les nuages sous lesquels je rêvais étaient encore trop abstraits, très loin de mes yeux puérils, tandis que le bruit des vagues était infiniment plus proche, mystérieux et familier, et l'écume qui bouillait entre mes mollets n'était point un songe inaccessible. La mer était là qui jetait mon corps sur le sable avec ses grandes claques glacées, ses rires salés, ses grondements terribles.

Jouant ainsi dans l'onde en furie et faisant face à l'horizon qui s'étendait à perte de vue, j'avais la sensation étrange de baigner dans l'infini.

Comme la réminiscence d'un éden perdu.

En plongeant dans l'océan, l'écho d'un univers sans borne résonnait en moi. J'étais le temps, j'étais Dieu, j'étais un enfant.

Cette sensation d'éternité ne m'était pas du tout étrangère. J'avais une dizaine d'années. Dix ans me séparaient de la source de ces "battements cosmiques". Du plus profond de mon être je le savais sans jamais l'avoir appris. Je m'étonnai de cette connaissance infuse. Un crabe suffisait cependant à détourner mon attention de cette sensation suprême. Je m'amusais à le suivre. Et le crabe entrait dans la Lumière, car c'était bien la Lumière que je voyais à la place de la lumière d'été.

Je me sentais à la fois extrêmement proche et à une distance incalculable de ce coeur invisible venu du bout de l'Univers qui se manifestait jusqu'à travers le sable sous mes pieds. Ignorant tout du monde, à dix ans je venais confusément d'avoir conscience de l'essentiel. Pour la première fois de ma jeune existence je me baignais dans la mer. Et la mer était pour moi l'épiderme de l'Univers, le premier degré vers un monde infini. Les nuées se mouvaient vivement dans l'atmosphère, le crabe roulait sous les vagues, les cris des mouettes se perdaient dans le ciel... J'ouvrais les yeux sur le monde. Pas les yeux du corps, ceux de l'âme.

Ce fut l'Éveil.

jeudi 13 novembre 2008

814 - Deux oraisons funèbres

Voici deux oraisons funèbres écrites pour mon père le docteur Ghérard de IZARRA décédé le 7 novembre 2008.

ORAISON 1

Un roman vient de s'achever.

Page après page, une aventure, une oeuvre, une vie s’est accomplie.

Ce livre inracontable que je vais tenter de résumer en quelques lignes, c'est celui de notre père le docteur Gérhard de Izarra.

Une histoire pas tout à fait comme les autres.

Personnage atypique, contrasté, contesté, souvent attaqué, rarement vaincu, acceptant sa différence sans le moindre complexe, le docteur de Izarra aura su en toutes circonstances demeurer fidèle à lui-même, c'est à dire entier, brûlant, indomptable.

Il avait la tête ailleurs, les pieds empêtrés dans les problèmes de ce monde, le coeur à la verticale. Les travers de la société lui pesaient, il la voulait chrétiennement, sincèrement changer. Il ne changea pas les hommes.

Mais les hommes, eux non plus, ne changèrent point ce contradicteur.

Fantasque, idéaliste, léger, emporté, rigoureux, grave, fantaisiste, épris de vérité, obsédé par de grandes et petites choses, émerveillé par les mystères de la nature et des hommes, enjoué, vivant, oui VIVANT avant tout, il jouait comme un enfant, méditait comme un sage.

Et priait comme une créature de Dieu qu'il avait intimement conscience d'être.

Dieu, la source de ses consolations, de ses éternelles, profondes interrogations...

Cet esprit brillant au caractère de chien vécut comme un héros de théâtre. Comme un roi dans une arène. C'était une légende, une statue, un décalogue. Ou plutôt c'était un homme. Tout simplement. Avec ses faiblesses, ses imperfections, ses maladresses, ses outrances, ses misères et ses gloires. Bref, tout ce qui fait une véritable personnalité. Et c'est aussi parce qu'il fut un homme que nous lui pardonnons ses excès. Et puis, reconnaissons que cet être pour le moins singulier n'était point une figure sinistre...

Des défauts certes il en avait, pour autant notre père ne manquait ni d'éclat ni d'envergure. S'il y a un jour solennel où l'on peut se permettre d'oublier les souvenirs amers, c'est bien aujourd'hui ! Alors oublions-les. On ne fait pas une personnalité sans casser des œufs... Notre père avait du tempérament. Si les qualités font l'ange, les défauts font l'homme. Et lui, c'était un homme, un vrai avec plein de défauts… humains. Un homme disais-je, une personnalité, un tempérament et non une ombre, non une image terne, non un semblant d'homme.

Lui, il vivait. Il bouillait. Il tonitruait. Corps et âme.

Il avait des oiseaux dans le coeur, des ailes dans la tête. De la plume également, couchant volontiers sur le papier ses fables de philosophe rêveur... Riche de son imagination, nécessairement il montait. Cela dit, il lui arrivait de tomber de ses nues : face au vertige du Mystère, effaré devant le miracle de la vie il vacillait, ne retrouvant l’équilibre que dans les bras de la religion.

Véritable légende, le docteur de Izarra ne sera pas passé inaperçu parmi ses semblables. Avec son esprit agité, ses engagements audacieux, ses ardeurs juvéniles, ses émotions fulgurantes, ses réactions impétueuses, il ne remportait pas tous les suffrages.

Mais il savait gagner les beaux esprits de sa pensée supérieure. Il laissait ses hôtes entre rire et larmes, qu'ils soient laudateurs ou détracteurs, simples observateurs de passage ou esprits curieux.

Et quand c'étaient des larmes qu'il inspirait, souvent ce n'étaient que des larmes de rires.

Avec les fracassants paradoxes de sa personnalité, mais aussi avec les âpres exigences et les francs succès de son destin qu'il assumait pleinement, notre père incarna le mieux, je crois, la flamme izarrienne : un état de grâce, une croix, une ivresse, un rêve fou, des fruits rares, un poème.

Une fierté.

Une grande, saine, inaltérable fierté.

Dans cette vallée de misères un homme s'est éteint. Quelque part dans le Ciel des esprits une étincelle s’allume.

Par le patronyme IZARRA, c'est un astre que l'on désigne en langue basque, est-il besoin de le rappeler ? Fermons la dernière page de ce roman grandeur nature sur cette belle allusion stellaire.

Le défunt pardonné, lavé de ses péchés, telle une particule de lumière monte au firmament.

Et les larmes ne sont plus que rosée dans l’azur.


ORAISON 2

C'est un homme que nous mettons en terre aujourd'hui. Un homme, pas un saint, pas une mauvaise graine non plus... Un homme, tout humblement.

Oui mais... N'importe quel homme ?

Oui et non. Et à vrai dire, non.

C'était notre père d'abord. Ce qui en soi est banal.

Une tempête ensuite. Et ici l'humilité deviendrait simple complaisance à la cause funèbre.

C'était une tempête disais-je, un esprit, un contestataire, un rebelle. Un astre et une misère, une cathédrale et un bouge, du noir et du blanc tout mêlés.

Entre gouffre et lumière.

Un être singulier, nécessairement riche de ses trésors, pauvre de ses haillons, fatalement.

Peut-on décemment résumer le disparu à une simple formule de circonstance ? Franchement, non. Définitivement pas.

C'était un homme tout humblement, c'est vrai.

Seulement l'homme était un IZARRA.

C'est beau et ça brûle. C'est âpre et c'est doux. Ca brille et ça explose.

Des reproches à lui faire, il n'en manquera certainement pas, depuis cette assemblée jusque Dieu sait où... Je ne nierai pas les travers de celui qu'on inhume. Pas plus que ses hauteurs d'ailleurs. Le docteur de Izarra avait les défauts de ses qualités. On pourra certes lui reprocher ses défauts. Pour autant, nul ne pourra lui contester ses qualités.

C'est le moment d'alléger nos coeurs. Aujourd'hui le docteur de Izarra est mort. Pardonnons-lui ses frasques dans un grand éclat de rire.

Ce n'était pas n'importe quel homme, non. Impossible finalement de le réduire à ce qu'il n'était pas. Le docteur de Izarra, c'était un personnage de roman. Mieux : un humble Homme.

Je dis bien, un humble Homme.

Avec une minuscule pour "humble", et pour "Homme", un grand H.

dimanche 2 novembre 2008

813 - La paix des burnes

La paix par l'épée ?

Maints défenseurs de la cause martiale au langage officiel, au ton solennel, au maintien étriqué, à la morale étatique rigide et au discours sottement autoritaire répandent autour d'eux le venin d'une pensée mortifère. Par martelages de propos patriotiques et grosses voix interposés.

Chez les jeunes gens qui ont l'esprit encore assez impressionnable -ou disons faible- pour adopter ce moule funeste et plus pernicieusement pour associer leur phallus à la forme d'un canon, ce genre de manipulation mentale fait des ravages.

Tourner en dérision les meneurs doués d'une naturelle autorité, ridiculiser et savoir résister à ces grosses pointures militaires à la voix sonore, à la carrure imposante, au charisme auguste, au verbe haut, à la mâchoire carrée et à la personnalité de fer, bref réduire ces promoteurs de la pensée martiale à de vulgaires paires de couilles ambulantes est encore le meilleur moyen de les contrer.

Leur sinistre charisme résulte d'un processus psychologique parfaitement primaire (et même parfois purement vestimentaire) qui fait que leur pouvoir est fondamentalement, humainement illégitime. Mais ils ont une grosse voix, des cocardes officielles sur la tête, des couleurs vives sur les épaules, une bonne paire de couilles. Cela suffit pour leur conférer un indiscutable prestige auprès des faibles, des dociles, des lâches, des sots.

Mes détracteurs patriotes convaincus par la morale de leurs précepteurs guerriers, quant à eux, portent une cocarde morale, des épaulettes verbales, des couleurs mentales et tentent d'exercer non sans abus leur petit pouvoir officieux de coquelets, bien dressés sur leurs ergots, en me martelant le discours étatique si cher à leur coeur probe, imbus de leur honnêteté cérémonieuse.

Seulement, leur morale mensongère n'a pas de prise sur moi. Je ne dis pas qu'ils sont mauvais, je dis qu'ils se trompent. Parce que je ne suis pas un volatile, parce que j'ai su neutraliser mes petites passions guerrières de coq moyen, je ne me rallie pas à leur chant.

Il y a trop de couillus mal contenus sur Terre. La guerre est simplement une histoire de couilles. Nous en avons fait une affaire d'État, de politique, d'idéologie.

Voilà encore une des grandes impostures de l'Humanité.

Fondamentalement, la pulsion martiale provient du fait que l'homme est un mâle. La guerre est une affaire d'hommes, pas de femmes. C'est tout simplement hormonal. L'explication n'est pas autre qu'une basse affaire de couilles. Ensuite on justifie par des raisons politiques, religieuses, idéologiques. Certains y croient vraiment. Ou font mine de croire à des raisons supérieures, alors qu'en fait la vraie explication de la guerre est dans le pantalon. Parce que l'homme est sévèrement burné, il a l'instinct guerrier en lui. Le mâle est un guerrier congénital.

Lorsque l'on plonge dans les racines du mâle, la guerre chez lui se résume à un combat de coqs. La politique, l'idéologie, la justice viennent après. La guerre est avant tout une histoire d'hormones.

De là, on pourra tirer toutes les conclusions possibles... Seuls ceux qui maîtrisent leurs flux hormonaux ont atteint une certaine sagesse. Pour les autres, pour ceux qui bouillent à l'idée de se faire toiser par un autre coq, moi je dis : il faut couper !

Si vous n'êtes toujours pas en paix avec les Boches, les musulmans ou les rouges, un conseil : faites-vous couper les couilles. Vous verrez la vie beaucoup plus sereinement. Neutralisez vos passions de petits mâles hargneux, et vous gagnerez une grande paix intérieure. Vous pourrez ensuite voir passer un panache de plumes arrogantes dans la basse-cour en toute indifférence.

Ou plutôt, en toute sagesse.

La meilleure façon de faire cesser les guerres est de castrer les belligérants. Transformer les loups en doux agneaux. Bien sûr il faudrait d'abord commencer par castrer les hommes politiques au pouvoir. Ensuite on descendrait dans la rue pour régler au cas par cas les menus problèmes de petits coqs belliqueux.

Militaires, si vraiment vous voulez construire la paix, coupez-vous les couilles.

Pacifiez le monde en commençant par vous pacifier vous-même. Et pour cela, une seule solution : couper !

812 - Le génie izarrien

Je suis un génie.

Par la qualité de mon esprit ? Par la hauteur de mes vues ? Par l'éclat, la profondeur de ma pensée ?

Fadaises ! Vanité !

Je suis un génie par la seule grâce de ma particule.

L'on pourrait penser que posséder passivement la particule ne saurait suffire pour faire d'un simple mortel un génie. Encore faudrait-il savoir la porter. Avec ou sans artifice. Ou la faire valoir. Avec ou sans panache. Voire stérilement l'exhiber à défaut de raison plus consistante...

Pas du tout !

La seule appartenance à l'espèce des "de" suffit. Le reste est pur bavardage.

Mon génie consiste en ma particule.

A l'état brut.

L'immense avantage de posséder la particule, c'est que son porteur n'a rien à prouver. Une alchimie mystérieuse s'opère chez l'élu qui le distingue définitivement du vulgaire. Quand un "de" vient au monde les fées de l'aristocratie baveuse, pédante et hautaine se penchent sur son berceau pour le marquer du sceau indélébile de l'izarrification. Ou, pour dire la chose autrement, de l'ennoblissement.

Bref, en authentique "de" que je suis, je n'ai rien à prouver et tout m'est dû.

Le miracle de la particule est là : le simple fait de la porter fait accéder au génie. La particule projette nécessairement son porteur dans les sphères supérieures et inatteignables (pour qui ne la possède pas) du génie.

En cela je suis un génie et on appelle d'ailleurs ce génie particulier, le "génie izarrien".